La fée Mélusine

The fairy Mélusine

Le château de Lusignan, situé en Poitou, est reconquis et rénové par le duc de Berry pendant la guerre de Cent Ans. La tour Poitevine, surmontée d’un dragon ailé, évoque la légende de Mélusine que le duc affectionne. Selon celle-ci, la fée Mélusine qui a construit le château pour son époux le comte Raymondin, fait jurer à ce dernier de ne pas chercher à la voir le samedi. Ce jour-là, la partie inférieure de son corps prend la forme d’un serpent, signe de fécondité. Mais un samedi, le châtelain surprend Mélusine au bain et celle-ci s’enfuit par la fenêtre du château sous la forme d’un dragon.

The château of Lusignan, in Poitou, was recaptured and renovated by the Duke of Berry during the Hundred Years’ War.
The Poitevine tower, with a winged dragon on the top, evokes the legend of Mélusine of which the Duke was especially fond. According to it, the Mélusine who had built the chateau for her husband, the Count Raymondin, made him swear to her that he would not try to see her on a Saturday. On that day, the lower part of her body took on the shape of a snake, a sign of fertility. But one Saturday, the squire surprised Mélusine in the bath and she fled through the chateau’s window in the shape of a dragon.


Le comput ecclésiastique

Ecclesiastical comput

Les deux colonnes de gauche forment un comput ecclésiastique. Celui-ci doit permettre de calculer la date de Pâques, principale fête chrétienne, et celle des différents dimanches de l’année. La première colonne indique à l’encre dorée le « nombre d’or », un chiffre romain compris entre I et XIX, qui sert à calculer la date de la nouvelle lune d’où l’on déduit celle de Pâques. Les dimanches de l’année sont calculés grâce à la lettre dominicale (de a à g) peinte en noir.

The two columns on the left form an ecclesiastic comput. This must allow the date of Easter to be calculated, the most important Christian feast, and that of the various Sundays of the year. The first column indicates the “golden number” in gilt ink, a Roman figure running from I to XIX used to calculate the date of the new moon from which the date of Easter is calculated. The Sundays of the year are calculated from the dominical letter (from a to g) painted in black.


Les calendes

Calends

Les Très Riches Heures utilisent le calendrier civil romain où les semaines n’existent pas. En haut de la page figure l’abréviation KL, décorée de rinceaux, pour « calendes » qui désigne le premier jour de chaque mois. Les jours suivants, peints à l’encre rouge ou bleu, sont identifiés selon le nombre de jours précédant la fête des nones (fixées au 5e ou au 7e jour du mois), des ides (le 13e ou le 15e jour) et des calendes du mois suivant.

Ainsi, le 10 mars, fête de la saint Alexandre, est le 6e jour avant les ides de mars.

The Très Riches Heures uses the Roman civil calendar that does not have weeks. The abbreviation KL appears on the top of the page, decorated with rinceaux, for “kalends” which means the first day of each month. The following days, painted in red or blue ink are identified by the number of days preceding the feast of Nones (on the 5th or 7th day of the month), the ides (the 13th and 15th day) and the calendes of the following month.

So, 10 March, feast of St. Alexander, is the 6th day before the ides of March.


Un calendrier politique

The political meaning within the calender

Les deux colonnes de droite n’existent que dans les Très Riches Heures. La colonne Quantitas dierum donne le nombre d’heures et de minutes que dure chaque jour. La toute dernière, à l’encre dorée, indique le « nouveau nombre d’or ». Des astronomes proposent au début du XVe siècle de réformer le comput ecclésiastique traditionnel qui finit par produire des décalages entre le calendrier officiel et la course des astres telle qu’elle est observée. Ce projet va de pair avec le rôle politique qu’occupe le duc de Berry dans le Grand Schisme, cette crise de la papauté qui secoue l’Église de 1378 à 1417. En effet, le candidat au trône pontifical que soutient Jean de Berry est également celui qui propose une réforme du calendrier.

The two columns on the right only exist in the Très Riches Heures. The column Quantitas dierum gives the number of hours and minutes that each day lasts. The very last, in gilt ink indicates the “new golden number”. At the start of the 15th century, astronomers suggested reformulating the traditional ecclesiastical calculation that ended up creating discrepancies between the official calendar and the movement of astral bodies as they were observed. This project went hand in hand wiht the political role occupied by the Duc de Berry in the Grand Schism, the crisis in the papacy that shook the Church from 1378 to 1417 since the pope Jean of Berry supported was also the one who proposed reforming the calendar.