Par les mots « Aproche, aproche », l’huissier portant bâton et chaîne invite un des invités à s’approcher du duc de Berry. D’autres serviteurs nobles s’affairent autour du duc : les écuyers tranchants coupent la viande en fines lamelles destinées à être dégustées avec les doigts tandis que l’échanson veille sur la boisson.
With the words “Aproche, aproche”, the usher carrying a baton and chain invites one of the guests to approach the Duke of Berry. Other noble servants are busy around the duke : the carving equerries cut the meat into thin slices to be eaten with the fingers while the cupbearer watches over the drink.
Le visage du duc de Berry est un portrait fidèle si l’on en croit le gisant de son tombeau conservé à la cathédrale Saint-Étienne de Bourges. La tête est peinte de profil, à la manière des empereurs sur les monnaies romaines.
L’identification du prélat assis à la droite du prince comme étant Adhémar Aleman, cardinal de Pise, permet de dater la scène des premiers jours de 1415. Au milieu de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, le cardinal et légat du pape s’entremet entre les princes ennemis.
The Duke of Berry’s face is a faithful portrait if the gisant of his tomb at the cathedral Saint Stephen of Bourges is to be accurate. The head is painted in profile, in the manner of emperors on Roman coins.
The identification of the prelate sit on the prince’s right as Adhémar Aleman, cardinal of Pisa allows the scene to be dated to the first days of 1415. In the middle of the civil war between Armagnacs and Bourguignons, the cardinal and papal legate, intervened between the enemy princes.
La riche tenture accrochée sur le mur pour réchauffer la pièce représente des épisodes de la guerre de Troie. Au XVe siècle, la famille royale revendique une ascendance troyenne et la guerre est omniprésente.
À droite, l’armée qui vient à la rescousse porte la croix blanche de l’armée royale. L’opposition entre guerre et festin souligne le désir de paix qui occupe les esprits après l’armistice d’Arras conclu entre Armagnacs et Bourguignons en septembre 1414.
The rich hanging on the wall to heat the room shows episodes from the Trojan War. In the 15th century, the royal family claimed Trojan ancestry and the war was omnipresent. On the right, the army which is coming to the rescue is wearing the white cross of the royal army.
The contrast between war and feast emphasizes the desire for peace that occupied minds after the armistice of Arras agreed between the Armagnacs and Bourguignons in September 1414.
Dès qu’il a le manuscrit en main, le duc d’Aumale reconnaît le duc de Berry au portrait du folio 1 verso et aux armes et emblèmes disséminés dans le livre : fleurs de lys, ours, cygne.
Vingt ans plus tard, des spécialistes confirment la découverte du prince et identifient le manuscrit avec un article de l’inventaire des biens laissés par le duc de Berry à sa mort en 1416 : « Item, en une layette [boîte] plusieurs cayers d’unes tres riches Heures que faisoient Pol et ses freres, tres richement historiez et enluminez ; prisez Vc l.t. [500 livres tournois] ».
Le « wonderful book », comme le qualifie le duc d’Aumale en 1856, est appelé, à partir de 1880, les Très Riches Heures.
As soon as he has the manuscript in hand, the Duke of Aumale recognizes the Duke of Berry by the portrait on folio 1 verso, his coats of arms and emblems spread through the book : fleur-de-lis, bears, swans.
Some twenty years later, scholars confirm that Henri d’Orléans’ identification is right and link the manuscript to an item in an inventory of Duke of Berry’s estate made shortly after his death in 1416. One reads there : « Item, en une layette [boîte] plusieurs cayers d’unes tres riches Heures que faisoient Pol et ses freres, tres richement historiez et enluminez ; prisez Vc l.t. », which can be thus translated : “Also, in a drawer chest, several gatherings from a very lavishly historiated and illuminated “tres riches Heures” that Pol and his brothers made, valued 500 pounds of Tours”.
This “wonderful book”, as the Duke of Aumale called it in English when he buys it in 1856, is named the Très Riches Heures from the 1880’s.
Présent dans tous les livres d’heures, le calendrier permet au lecteur de repérer la prière correspondant au jour de l’année.
Les Très Riches Heures innovent en consacrant deux pages à chaque mois de l’année, l’une pour le calendrier proprement dit à droite, l’autre pour une miniature à pleine page.
Present in all books of hours, the calendar allowed the reader to find the prayer corresponding to the day in the year.
The Très Riches Heures is innovative with the two pages given to each month of the year, one for the calendar itself on the right, the other for a full page illumination.